Attraper un essaim :
Je n’aborde ici que le cas
des essaims à l’air libre, c’est à dire pas dans un mur, une
cheminée, ou autre tronc d’arbre ou tas de bois. L’essaim
installé entre une fenêtre et un volet peut être capturé en
utilisant la méthode que je décris. Si l’essaim a bâti des
rayons de cire et que la reine y a pondu, le comportement des
abeilles sera celui qu’elles auraient dans une ruche; ce qui
ne rend pas la tache impossible mais nécessite plus de
matériel, de préparation, d’expérience et de motivation.
L'objectif est de mettre l'essaim dans un contenant.
Ce contenant doit
permettre une aération car les abeilles ont besoin de respirer
et de se refroidir. En effet, la température d'une ruchette
fermée augmente très rapidement et sans aération, on arrive
rapidement à l'étouffement. Ce contenant doit pouvoir être
fermé, pour transporter l'essaim.(tout en maintenant une
possibilité d'aération). Pour ma part, j'utilise des ruchettes
de 4, 5 ou 6 cadres, ou directement des ruches pour les très
gros essaims. Mais dans l’absolu un simple carton suffit,
c’est juste une question de feeling.
Pour attraper un essaim, il faut avoir un minimum de connaissance du comportement de l'abeille.
Avant de quitter sa ruche, un essaim fait quelque provision. Ainsi, de nombreuses abeilles de l'essaim se sont gorgées de miel avant de quitter leur ruche d'origine. Cette réserve de miel équivaudrait à peu près à 3 jours d'autonomie. Les essaims sont moins belliqueux car ils n'ont pas grand chose à défendre (pas de miel, pas de cire, pas de couvain). Un tempérament belliqueux ne lui faciliterait pas la vie car les abeilles ayant piqués meurent sans être utiles à la future colonie. Or l'essaim partant de rien, a besoin de tout reconstruire et pour cela de tout le dynamisme de toutes les abeilles qui le compose. D'ailleurs une ruche qui se prépare à l'essaimage voit son activité baisser; les abeilles s'économisent en prévision du surccrois de travail qu'elles vont devoir mettre en oeuvre. Il est assez rare de voir un essaim agressif, et cela peu être le signe qu'il a un problème, ou qu'il est en fin de réserve de miel. Les abeilles étant moins gorgées de miel, sont susceptibles de piquer plus facilement.
L'essaim doit tout
reconstruire. Pour cela il lui faut produire de la cire. Pour
produire 1 kg de cire, les abeilles doivent produire puis
consommer 8 à 10 kg de miel qui seront transformés en cire par
les jeunes abeilles cirières. Sans cire, la reine ne peut pas
pondre et la colonie est vouée à disparaître.
Pour cette raison, lorsque
vous apportez une ruchette avec 5 ou 6 cadres, vous leur
offrez un capital de démarrage non négligeable; en effet,
chaque feuille de cire pèse 100 g. Si vous apportez de la cire
bâtie, vous leur facilitez encore mieux le travail. L'idéal
étant des cadres déjà battis, contenant un peu de miel et de
pollen. Ainsi, la reine se remet à pondre très rapidement.
Personnellement, pour
capturer un essaim, je met dans la ruchette un vieux cadre
avec de la cire noire en bord de ruchette (rive), puis tous
les autres cadres en cire neuve non bâtie. La cire noire
attire bien les essaims. Par la suite, lorsque la colonie sera
transférée dans une ruche, ce cadre de cire noire se retrouve
en rive, et il est aisé de le retirer pour le remplacer par un
cadre moins vieux ou en cire neuve. Au pire des cas il sera
récupéré le printemps prochain lors du renouvellement des
cires.
L'opération consiste à
positionner la ruchette sous l'essaim, le plus proche
possible. L'idéal étant que la grappe soit en contact avec le
haut des cadres de la ruchette. Ensuite, lorsque c'est
possible, il faut faire en sorte que la grappe se détache de
la branche pour entrer dans la ruchette. Parfois la grappe en
contact avec les cadres, va d'elle même dans la ruchette.
D'autres fois il faut les aider en donnant un coup sec sur la
branche à laquelle est suspendue l'essaim, ce qui fait tomber
la grappe sur les hauts des cadres, et les abeilles rentrent
progressivement dans la ruchette. Lorsqu'on est trop loin de
la grappe, on peut prendre des paquets d'abeille de la grappe
(avec des gants ou une pelle à poussière), et les déposer sur
le haut des cadres de la ruchette. Les abeilles visitent, puis
assez rapidement, un certain nombre d'entre-elles battent le
rappel et incitent les autres à les rejoindre. Les abeilles
d'un essaim s’orientent beaucoup au bruit, donc tant qu'il n'y
a pas 80 % des abeilles dans la ruchette, il faut laisser le
toit ouvert. Lorsque la majorité des abeilles est entrée, on
peut fermer le toit afin de les inciter à passer par l'entrée
"officielle", et guider à la fumée celles qui sont sur les
parois, et celles qui sont restées sur la branche. Sur la
branche il y a parfois des début de construction en cire
blanche; il est souhaitable de les détruire, de les enfumer,
de mettre de l'eau dessus afin que les abeilles ne soient plus
attirées par l'odeur, pour qu'elle aillent rejoindre la
majorité de la grappe, dans la ruchette. Plus on met
d'abeilles dans la ruchette plus le succès est assuré.
Globalement, jusque là il faut compter 1 heure.
Selon si l'essaim est dans un lieu public avec beaucoup de passage, ou chez un particulier, vous pouvez laisser la ruchette et revenir la chercher à la nuit tombée. Dans le cas d'un lieu public, il faut emmener la ruchette. Donc dès que vous avez 90-95 % des abeilles et que la situation n'évolue plus beaucoup, vous fermez l'entrée de la ruchette et vous emmenez tout ça sur votre rucher. Les abeilles restantes retourneront à leur ruche d'origine. Les abeilles qui sont dans la ruchette y restent en général. Pour les transports en voiture, vous devez faire en sorte que la ruchette reste stable, ne soit pas secouée... Lorsque je les transporte sur le siège passager, je leur mets la ceinture.